C'est vers le XIIème ou XIIIème siècle, à l'époque de la formation des
noms de famille, que l'un de vos ancêtres s'est vu attribuer, par son
entourage, le surnom "Le Paih" et c'est parce qu'il a émigré dans une
autre région, même dans un village proche, que ses contemporains l'ont
surnommé ainsi. Au Moyen-Age, quand un nouveau venu s'installait dans
un village ou une ville, ses voisins lui donnaient généralement comme
surnom le nom de la localité, du hameau ou de la région d'où il venait.
Deux lieux-dits bretons, situés dans le Morbihan, peuvent être à
l'origine de ce patronyme, l'un à Saint-Nolff et l'autre à Elven, ce
dernier graphié Le Pez en 1448 et Le Pé en 1536. En ancien breton "pez"
avait le sens de "pièce de terre".
Quelques mots d'histoire vous permettront de bien comprendre le contexte dans lequel le nom LE PAIH a évolué. Dès le Vème siècle, après la période romaine qui avait apporté le modèle des noms multiples, le christianisme triomphant, à l'instar des Francs germains, impose le système du nom unique. En attribuant un nouveau nom le jour du baptême, tels Bernard, Louis ou Victor, les chrétiens voulaient marquer une rupture avec le monde ancien et symboliser l'entrée dans un monde nouveau. Désormais, nos lointains ancêtres ne portent plus qu'un seul et unique nom, celui qu'ils ont reçu le jour de leur baptême. Au bout de cinq siècles de cette pratique, le nom unique va se heurter à de nombreux problèmes d'homonymie dus à un essor démographique sans précédent. En effet, pendant cette période des XIème, XIIème et XIIIème siècles où se sont formés les noms de famille, la population française aurait triplé. Lorsqu'une majorité d'individus portait les mêmes noms, le choix se limitait aux noms les plus illustres, notamment ceux des saints, il est alors facile d'imaginer pourquoi le système du nom unique a volé en éclats. Pour contrecarrer ces homonymies, nos ancêtres ont naturellement fait appel aux surnoms, c'est-à-dire qu'un qualifiant complémentaire au nom de baptême vient préciser l'identité. C'est ainsi que Bernard devint Bernard le grand, Louis le pieux, Victor du mont ou Bertrand le barbu. Ces surnoms étaient tirés soit de l'aspect physique de la personne, tel "le chauve", soit de son lieu d'origine, "du chemin", soit de son métier "le boulanger", soit de ses moeurs "boileau" (qui aime le vin) ou tout simplement ils exprimaient une continuité du nom de baptême comme Michelin pour Michel. Pourquoi LE PAIH s'est-il fixé en nom de famille ? Cette désignation a d'abord affecté un homme, puis toute la "maisonnée", puis la descendance, sachant qu'à cette époque les gens habitaient le même endroit de père en fils, ce qui facilitait la fixation du surnom. Cette appellation "collait à la peau" de vos aïeux, c'était la maison "des LE PAIH". A force de répéter sans cesse ce nom, il fallait bien s'attendre à ce qu'il se fixât pour toujours. Voilà pourquoi, quelque trente générations plus tard, vous vous appelez LE PAIH. Vous êtes, en France, environ 850 porteurs de ce patronyme, principalement dans le Morbihan.
Synthèse réalisée par Jacques BODRAIS
d'après les auteurs A. Dauzat et Al.Deshayes.
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